mercredi 11 avril 2012

Comment les banques notent les entreprises.. de la TPE à la PME

Le printemps est la saison de la publication des comptes annuels et du renouvellement des notes bancaires des sociétés. Une bonne occasion pour se pencher sur le processus de notation, qui reste souvent mystérieux pour les chefs d'entreprise. La Caisse d'Epargne a accepté de nous expliquer le sien en détail.

 

Excellentes ? Bonnes ? Assez bonnes ? Médiocres ? Ou franchement mauvaises ? Quelles notes votre société obtiendra-t-elle auprès de ses banques en 2012 ? Cette question est d'une actualité brûlante si, comme une écrasante majorité des entreprises, vous publiez vos comptes annuels en avril ou en mai. En effet, vos notes bancaires sont recalculées chaque année après la sortie de vos bilans.

Mieux une PME est notée, plus elle peut négocier de nouveaux crédits

Votre notation bancaire revêt une importance capitale : mieux votre société sera notée, plus vous aurez la capacité d'obtenir de nouveaux crédits et des conditions bancaires intéressantes... Un dirigeant de PME a donc tout intérêt à savoir quelle démarche et quels critères les banques utilisent pour noter son entreprise.
Isabelle Brouté, directrice du marché entreprises de la Caisse d'Epargne (groupe BPCE) a accepté de nous livrer les " secrets de fabrication " de la notation au sein du réseau mutualiste. Son témoignage est d'autant plus intéressant que la Caisse d'Epargne pratique une politique de développement volontariste sur le marché des PME : en 2011, elle a conquis 2200 nouveaux clients sur ce segment et accru ses encours de crédit de 20%, contre une augmentation moyenne des crédits aux PME de 4,4% pour l'ensemble des banques françaises.

Des ratios calculés à partir des documents comptables...

" La notation comporte d'abord un aspect quantitatif, explique Isabelle Brouté. Suite à la saisie informatique des comptes annuels de la société, notre système calcule automatiquement une batterie de ratios (de fonds propres, d'endettement, de frais financiers, de rentabilité...). " Ceci est bien connu des dirigeants de PME. Mais beaucoup d'entre eux s'imaginent que la démarche bancaire d'évaluation d'une entreprise s'arrête là. Ils se trompent lourdement : dans toutes les banques, le processus de notation se fonde aussi, pour une large part, sur des éléments qualitatifs.

... Mais aussi une foule de critères qualitatifs

A la Caisse d'Epargne, la composante qualitative de la note résulte des réponses apportées par le chargé d'affaires qui suit l'entreprise à une quarantaine de questions regroupées en neuf grandes thématiques. " La connaissance de la gestion humaine, commerciale et financière de l'entreprise est essentielle pour y répondre ", souligne Isabelle Brouté.

1) Positionnement de l'entreprise sur son marché
L'entreprise a-t-elle beaucoup de concurrents ? Détient-elle une position de leader ? A-t-elle accru sa part de marché au cours de la dernière année ?...

2) Typologie des produits ou services offerts
L'entreprise commercialise-t-elle plusieurs produits ou services, ou est-elle monoproduit ? Dans le deuxième cas, cette situation est-elle compensée par le fait que le produit en question comporte une forte valeur ajoutée ?...

3) Portefeuille clients
Ce portefeuille est-il diversifié ? Plutôt en croissance ? L'entreprise a-t-elle connu des incidents de paiement avec certains clients ? Et si oui, a-t-elle fait en sorte de réduire ses risques clients en recourant à des techniques ad hoc (du type assurance crédit ou affacturage)?...

4) Qualité des fournisseursLa société est-elle fortement dépendante d'un fournisseur ? Existe-t-il des postes d'achats sur lesquels l'entreprise est susceptible de subir des hausses de prix sans pouvoir négocier?...

5) Risques géographiquesLa société réalise-t-elle une part de son chiffre d'affaires, de sa production ou de ses approvisionnements sur une zone à risque? Est-elle soumise à des risques de change ? Et dans l'affirmative, prend-elle des mesures pour les couvrir ?...

6) Risque environnemental
L'activité de l'entreprise est-elle d'ores et déjà soumise (ou va-t-elle être bientôt soumise) à de nouvelles réglementations qui peuvent pénaliser l'évolution de son chiffre d'affaires ? L'entreprise exerce-t-elle une activité polluante qui lui fait encourir des risques sanitaires élevés ?...

7) Aspect social
La société pâtit-elle d'un important turn over de son personnel?...

8) Qualité du management ressentie par le chargé d'affaires
Le chef d'entreprise a-t-il donné au chargé d'affaires suffisamment d'éléments pour que ce dernier puisse se faire une idée claire de l'activité et du fonctionnement de la société ? Le business de l'entreprise est-il fortement dépendant de son dirigeant ? Si oui, l'entreprise a-t-elle souscrit une assurance " homme clé " ?...

9) Actionnariat
Si la société a besoin de fonds, lui sera-t-il facile d'obtenir un soutien financier de la part de ses actionnaires ? Si l'entreprise a des actionnaires personnes physiques, existe-t-il parmi eux des individus dont la cotation bancaire personnelle s'est dégradée par rapport à l'année précédente ?...

Une note comprise entre 1 et 16

Comme on le voit, le spectre de l'analyse est très large. A l'issue du processus, l'entreprise se voit attribuer par la Caisse d'Epargne une note comprise entre 1 et 16. Mais contrairement aux lycéens, les entreprises qui obtiennent un 16 n'ont pas de quoi se réjouir : ce sont les plus mal notées. Pour être tout en haut du panier, il faut avoir 1 !

In http://lentreprise.lexpress.fr

Cet article nous démontre bien que la seule approche comptable n'est pas suffisante pour valoriser votre entreprise. L'analyse du marché, de la stratégie, du portefeuille clients, du management est tout aussi importante pour l'obtention d''un crédit.  Pour approfondir le sujet nous vous conseillons de lire ou relire http://lemoineconseil.fr/blog/2011/09/15/gestion-de-l-entreprise-l-ardente-obligation-de-depasser-la-seule-approche-comptable-et-financiere.html

 

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